“Le voleur parti

N’a oublié qu’une chose

La lune à la fenêtre.”

Ryokan

Tel un phare dans la nuit, l’astre le plus proche de la terre a toujours fasciné et éclairé. La lune affiche une rondeur parfaite lorsqu’elle est pleine – cette perfection se retrouve également dans les cycles de celle-ci. Représentante du Yin, du féminin, de l’énergie nouricière, lorsqu’elle tourne autour de notre planète, les influences des autres planètes et des étoiles se reflètent sur elle pour nous parvenir.

Reine de l’eau, on admire son influence sur les marées à travers le monde et même sur la terre elle-même – des marées terrestre de 40 cm se produisent à Paris selon les cycles ! Comme chaque être vivant est composé d’eau, la lune agit directement et indirectement sur chaque cellule. C’est pourquoi, au-delà de sa beauté, sa présence nous vivifie et peut même nous tourmenter. Elle tourne autour de la Terre en montrant toujours la même face. Cette perfection, demande une synchronisation incroyable – la Lune tourne sur elle-même et autour de nous. “Nous commes tous une lune et possédons une fasse sombre qu’on ne montre à personne” disait Mark Twain.

Notre ciel nous marque un rythme quotidien par la présence de nos deux luminaires : le Soleil et la Lune. Couple inséparable à l’image du Yin Yang, ces deux nous guident au quotidien. Le Soleil nous fournit directement l’énergie que nous captons, alors que la lune reflète cette lumière. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer cet impact. En se réfléchissant sur notre gardienne, l’énergie est marquée par les influences du moment. Les saisons se determinent grâce à notre tour du système solaire – appelé révolution solaire. La durée du jour, elle dépend de la rotation de notre planète sur elle-même. Les cycles lunaires sont nombreux et durent généralement 28 jours. C’est pourquoi parfois la lune est visible le jour et parfois la nuit. Chaque jour son levé et son couché se décale. Par analogie, cette durée de 4 semaines est fortement liée à la femme et son cycle menstruel. Ce lien fort n’est pas anecdotique. Le féminin est l’énergie nourricière, qui porte et nourrit. Ainsi, tous les 28 jours nous vivons un nouveau cycle nourricier. Par souci de clarté nous irons dans les détails dans un prochain bulletin.

Ce que nous pouvons voir et ressentir est lié aux phases de la lune. C’est à dire que la lune croît – de la nouvelle lune jusqu’à la peine lune – puis décroît. Nous reparlerons du cycle de la lune montante et descendante – celui-ci est lié à la position de l’astre dans le ciel. La nouvelle lune, c’est l’impulsion d’un nouveau départ, de prendre des décisions, de choisir ce qu’on veut absorber, apprendre, qu’on aimerait garder en nous. C’est un moment idéal pour définir une intention, un nouveau projet, une évolution. Lorsqu’on arrive à la pleine lune, l’énergie est à son apogée. C’est le moment de renforcer son envie et sa volonté. Profiter de cette abondance fournie par le ciel pour se régénérer et d’une certaine façon, renouveler son, ou ses vœux. La pleine lune c’est aussi un moment où on choisit ce qu’on ne veut plus, ce qu’il faut sortir de sa vie, de soi ; tout ce qu’on ne veut plus avoir. Dans une vision plus physique et matérielle, nous pouvons aussi choisir quand faire un grand rangement ou un grand tri de sa maison. A chaque instant, la phase évolue et ne reste jamais la même – l’œil ne le perçoit pas mais le cœur peut le ressentir. C’est la définition même de la vie et de l’énergie : le mouvement perpétuel. Vous comprendrez dans le prochain bulletin que chaque planète passe devant des constellations qui sont liées à des signes astrologiques et des éléments. C’est comme ça qu’on sait que la pleine lune de ce mois est en lion, par conséquent dans l’élément feu. Avec le temps, la pratique et l’habitude on peut améliorer ses choix mais surtout, mieux ressentir la trame de fond de la vie – ce qui se passe en nous et autour de nous.

Lors de ce weekend, de nombreux phénomènes astrologiques et astronomiques ont lieu. Est-ce que c’est particulier ? Oui et non. Il se passe toujours quelque chose et tout dépend du point de vue adopté. Samedi, du côté des chinois, nous sommes entré dans l’année du lapin d’eau yin. Qu’est-ce que ça veut dire ? Le nouvel an chinois est célébré à la nouvelle lune suivant le nouvel an occidental. Cette date est plutôt administrative et symbolique. L’énergie prend sa place en fonction du soleil également ; en bref l’année a débuté ce samedi 4 février.

En parallèle, la pleine lune a lieu dimanche 5 février sous le signe du lion et de l’élément feu. Le feu et l’eau se complètent au même titre – encore une fois – que le Yin Yang. L’un tempère l’autre et l’autre permet de dynamiser. L’eau c’est l’énergie contenue au fond de nous, c’est notre part “sombre”. Cependant, cette part d’ombre est comme l’eau dans le sol : pleine de potentialité et qui sort le moment venu. L’eau s’infiltre partout, récupère les minéraux et les nutriments sur son passage. L’eau possède cette mémoire infinie et le renouvellement. Le feu vient éclairer cette part d’ombre et ce dialogue entre les éléments est fondamental pour nous permettre de vivre. L’eau nous amène à l’introspection, à observer en nous et le feu nous élève, nous éclaire. L’un sans l’autre devient pathologique et nous fait sortir de la vie.

Plongeons un peu plus dans la symbolique du lapin. Ce qui m’intéresse de vous transmettre c’est la légende du “Lapin de Jade sur la Lune”. Comme toute légende, il en existe de multiples versions. En voici une :

“Quand la Terre était encore jeune, il y avait alors dix soleils qui se succédaient dans le ciel. Un jour, les dix soleils apparurent tous ensemble et ils asséchèrent les rivières et ils brûlèrent la terre. L’habile archer Hou Yi décida que c’en était assez et il décocha ses flèches sur neuf des dix soleils.

Pour le remercier, la déesse Xiwangmu, maîtresse du Jardin de longue vie, lui donna l’élixir d’immortalité. Hou Yi était reconnaissant à la déesse, mais il était aussi bien embêté : Xiwangmu ne lui avait pas donné assez d’élixir pour qu’il puisse le partager avec sa femme Chang’E. Il décida alors de demeurer mortel et cacha l’élixir sous son lit.

Un jour Chang’E trouva l’élixir. Hou Yi la surprit. Sans réfléchir et, ignorant son contenu elle avala l’intégralité du flacon. Chang’E perdit le contrôle de son corps et s’éleva en flottant jusque dans la Lune. Hou Yi resté seul, son aimée lui manquait. La nuit, il regardait souvent la Lune en pensant à Chang’E. Espérant consoler la solitude de son épouse, chaque nuit, il déposait à la lueur de la Lune ses desserts et ses fruits préférés. Nuit après nuit, Il fit cela jusqu’au jour de sa mort.

Cette tradition perdure encore aujourd’hui et c’est pour rendre hommage à la Chang’E qu’on dépose des offrandes sucrés appelés gâteau de lune lors de la fête de la Mi-automne.

Hou Yi avait raison: Chang’E était bien seule dans le palais de la Vaste Froidure. Voici comment l’empereur de Jade lui trouva un lapin comme compagnon pour l’aider à préparer l’élixir d’immortalité…”

Ainsi, le lapin pile dans un mortier les médicaments de longévité. Au-delà de cette belle histoire, on comprend que cette année sera accompagnée par la Lune étant donné le lien du lapin à sa maîtresse – déesse de la Lune. Les Chinois qualifient l’esprit de la Lune en référence au lapin par sa beauté, sa bonté, sa paix, ainsi que son courage et sa pureté. Comme il prépare les médicaments, cet animal est fortement lié aux soins par la pharmacopée. Dans ses attributs, on retrouve aussi la douceur, la fléxibilité, l’élégance ; par son odorat la sensibilité. Dans la culture chinoise, il représente les souhaits bienveillants et l’espoir. Dans ses côtés moins lumineux, le lapin peut être jaloux ou profite des autres. Enfin, comme dans le lièvre et la tortue, le lapin – dans l’histoire du zodiaque chinois – par son arrogance arrive en 4e place. Que ce soit en orient ou en occident, rien ne sert de courrir.

J’entends de plus en plus que le monde à besoin de spiritualité et que nous sommes perdus. Je ne saurais dire si c’est réellement le cas. Ce que je sais, par ma propre pratique et mon expérience, c’est qu’en se rendant attentif au quotidien de ces influences nous appréhendons différemment le monde et l’univers. Commencez par prendre conscience des rythmes quotidiens – le matin l’énergie monte et c’est un moment de renaissance. L’après midi l’énergie descend jusqu’au soir où nous vivons comme une petite mort avant de repartir dans un nouveau cycle. Regardez le ciel, puis la terre pour mieux plonger en soi. Je vous propose de marquer certains de ces moments par un petit rituel ou un geste qui vous semble juste. Il n’y a que vous pour savoir ce qui est juste pour vous. Les traditions proposent des solutions, des chemins empruntés et validés. Si vous ne trouvez pas ce qui vous parle, commencez par mettre une intention avec vos mots et vos gestes. Il s’agit de juste allumer une bougie, ou un encens, ou alors de planter une graine ou encore de faire un bon repas – seul ou accompagné – pour célébrer ces instants magiques, plein de vie. Vous pouvez marquer votre intention en notant sur un mot, dans un carnet, dans votre esprit, sur un mur, brûler le mot… tout est possible ! Ne restez pas attachez à la forme ; faites attention à l’esprit, à l’intention que vous mettez. C’est comme le démarreur d’une voiture. Avec le bon geste ça démarre, l’intention c’est pareil !

Belle pleine lune à tous,

Raphaël

Sources :

  • Calendrier lunaire et planétaire de Maria Thun
  • Calendrier et Agenda Feng Shui Ba De Ma
  • Su Wen, Traduit par Elisabeth Rochat de la Vallée et Claude Larre
  • Le Livre des Syboles, éditions Taschen
  • Supports de cours IEATC
  • Le guide aux agriculteurs, Rudolf Steiner
  • Légende du lapin : https://www.guimet.fr/blog/pour-les-enfants-yutu-le-lapin-de-jade/