Bouillon blanc

Nom latin : Verbascum thapsus.

Noms pour les intimes : molène, herbe de Saint-Fiacre, cierge de Notre-Dame, oreille de lièvre, grand velours.

Le bouillon-blanc surgit là où l’on ne l’attend pas : au bord des chemins, sur les talus oubliés, dans les terrains vagues. Une tige élancée, droite comme un bâton de pèlerin, surmontée d’un épi de fleurs d’un jaune solaire, pâle et tendre.

Sa silhouette fait partie de l’imaginaire populaire : on l’appelait autrefois « cierge de Notre-Dame », car sa hampe sèche, trempée dans le suif, éclairait les veillées paysannes. Néanmoins, le bouillon-blanc n’est pas qu’un flambeau végétal. C’est une herbe protectrice des voies respiratoires, amie des muqueuses et douce gardienne des poumons irrités.

Rencontrer le bouillon blanc

Son environnement

Plante bisannuelle au port élancé pouvant atteindre 1–2 m, le bouillon‑blanc pousse dans les sols pauvres, secs et bien éclairés, souvent en friches ou bords de chemins. La prremière année elle forme une rosette de feuilles velues ; puis la deuxième année une tige florale jaune apparaît.

Elle dévoile ses fleurs jaunes du début à la fin de l’été (juin‑août en Europe) qui forment un épi dense typique des Scrophulariaceae. Les feuilles laineuses, très reconnaissables, servent à conserver l'eau dans les zones arides. Cette pilosité n’est pas qu’esthétique : elle protège la plante du dessèchement, en capturant la rosée du matin et en limitant l’évaporation dans les milieux secs.

Souvent perçue comme une plante envahissante ou une mauvaise herbe, elle joue un rôle écologique important et colonise rapidement des terrains perturbés

La récolte du bouillon blanc

On peut consommer ses feuilles toute l’année. Lors de la floraison, celles-ci deviennent plus ligneuses et il devient alors nécessaire d’enlever la tige centrale. On emploie fréquemment ses fleurs, que l’on fait sécher à l’ombre dans un espace ventilé. La tige étant très solide, il est important de la couper proprement afin de ne pas arracher toute la plante.

Les actions thérapeutiques du bouillon blanc

Le bouillon-blanc est une herbe du souffle, et le souffle, en médecine traditionnelle, c’est la vie.

Dioscoride, médecin grec du Ier siècle, la recommandait déjà contre les affections pulmonaires. Hildegarde de Bingen, bien plus tard, la louait pour apaiser les toux rebelles. Dans les campagnes, on la cueillait à l’aube avant de faire sécher ses fleurs sur des draps blancs, pour en préparer des infusions dorées pour calmer les bronches en hiver.

Ce qui rend le bouillon-blanc unique, c’est cette alliance entre le chaud et le doux : ses fleurs, malgré leur éclat solaire, n’irritent jamais. Au contraire, elles adoucissent. Elles calment les inflammations, favorisent l’expulsion des mucosités et enveloppent la gorge d’un voile protecteur.

Utilisations du bouillon blanc

Le bouillon-blanc contient :

  • des mucilages, ces fibres végétales qui tapissent les muqueuses irritées comme un baume invisible ;

  • des saponines, aux effets fluidifiants et expectorants ;

  • des flavonoïdes (quercétine, lutéoline), aux vertus antioxydantes et anti-inflammatoires ;

  • des iridoïdes, pour leur action analgésique et calmante ;

  • des traces de roténone, un insecticide naturel contenu dans les racines et graines, utilisé autrefois en pêche traditionnelle.

C’est un remède complet, qui agit à la fois sur la toux sèche (qu’elle apaise), et la toux grasse (qu’elle facilite). On l’utilise en tisane, en décoction, en gargarisme, et parfois même en onguent pour les irritations de la peau.

Pour la respiration

Ses fleurs, cueillies au matin, infusées dans une eau frémissante, libèrent une liqueur qui calme les toux les plus sèches et dénoue les bronches encombrées. C’est un compagnon de l’hiver, des poitrines oppressées et des voix fatiguées.
Les mucilages enveloppent les muqueuses, tandis que les saponines délogent en douceur les sécrétions qui entravent le souffle. Asthme, bronchites légères, laryngites et irritations de la gorge trouvent en lui un allié fidèle.

Pour la peau

À l’extérieur, le bouillon-blanc soigne la peau. En lotion ou en cataplasme, ses fleurs et feuilles infusées calment les brûlures superficielles, les eczémas, les gerçures et les plaies lentes à cicatriser.
Autrefois, on le faisait bouillir dans du lait pour en tirer un remède adoucissant que l’on appliquait sur les inflammations cutanées. C’est une plante de l’apaisement, qui tempère l’ardeur du feu.

Pour la digestion

Ses propriétés ne s’arrêtent pas aux voies respiratoires. Pris en infusion légère, il aide les estomacs irrités, calme les crampes et atténue les brûlures gastriques. Les mucilages, encore eux, y forment un film protecteur sur les parois digestives.

Préparations & modes d’emploi

  • Infusion simple : 1,5 à 2 g de fleurs séchées par tasse. Laisser infuser 10 à 15 min dans une eau frémissante. Filtrer avec soin pour éliminer les poils irritants.

  • Décoction douce : 10 g de fleurs dans 300 ml d’eau. Faire frémir 10 min, puis refroidir pour en faire un gargarisme ou une lotion.

  • Huile florale : fleurs macérées à froid dans une huile douce (olive ou tournesol) pendant 3 semaines. Filtrer et utiliser pour apaiser la peau ou les oreilles.

Précautions

La sagesse veut que l’on n’abuse pas de ce qui soigne. Le bouillon-blanc, bien que doux, doit être soigneusement filtré avant usage interne pour éviter toute irritation.
Son emploi prolongé n’est pas recommandé sans suivi professionnel. Il est déconseillé chez la femme enceinte, le jeune enfant, et en cas d’allergie aux Scrophulariaceae.
Comme souvent avec les plantes, la juste mesure en fait le remède, l’excès pourrait en ternir les bienfaits.

Le bouillon blanc au potager

On infuse les feuilles fraîches à 90°C, puis on laisse refroidir. Cette préparation peut être utilisée en pulvérisation diluée à 10 %. On pulvérise quelques jours avant le début des grandes chaleurs afin d’aider la plante à résister à la sécheresse. On peut également appliquer ce remède après un traitement curatif afin d’aider la plante à se renforcer et réparer ses tissus.

On peut utiliser les fleurs fraîches selon le même procédé. Les fleurs agiront sur les blessures post-taille et sur des fructification qui sont irrégulières ou avortées. Elle aidera également en pulvérisation au sol à mieux assimiler les nutriments.

Il est toujours déconseillé de traiter au-delà de 30°C : dans ce cas, privilégier une application en fin de journée.

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Achillée Millefeuille : utilisations et usages