Raphaël Gétaz Raphaël Gétaz

A la rencontre du pissenlit

Véritable trésor sous nos pieds, il ne rate jamais son rendez-vous au printemps et à l'aube lors de sa saison. Bien plus qu’une simple "mauvaise herbe", le pissenlit regorge de secrets. De la racine à la fleur, il se révèle sous un jour inattendu, aussi bien pour la santé que pour le sol.

Nom latin : taraxacum officinale

On le connaît sous divers noms : dent-de-lion, laitue de chien, salade de taupe ou encore pissenlit. Facilement reconnaissable à sa fleur jaune et à ses graines que l’on souffle, cette plante est entièrement utilisable, de la racine à la fleur.

Rencontrer le pissenlit

On pense bien le connaître, tant il revient chaque printemps. Pourtant, en l’observant dans différents environnements, on remarque que la forme de ses feuilles varie en fonction du sol, de la saison ou encore du climat. Ainsi, chaque pissenlit est unique.

Son nom révèle son action : taraxis signifie "inflammation" et akeo, "je guéris". La plante renferme près de 50 principes actifs, dont l’inuline, précieuse pour les personnes diabétiques.

C’est un véritable soleil terrestre : lorsque l’astre brille, ses fleurs s’épanouissent, mais dès que le ciel se couvre, elles disparaissent. Sensible à la lumière, la fleur s’ouvre à l’aube et se referme au crépuscule. Généreux, le pissenlit nourrit de nombreux insectes tout en se passant de pollinisation - il se reproduit par parthénogenèse, c'est-à-dire sans fécondation.

Son environnement

Présent dans toutes les zones à climat tempéré jusqu’à 2 000 mètres d’altitude, le pissenlit prospère particulièrement dans les prairies et les sols riches. Sa racine pivotante peut être le cauchemar du jardinier cherchant à l’éradiquer, mais pour le cultivateur averti, il est un précieux allié : il aère et enrichit le sol. Se reproduisant à la fois par ses graines et par la division de ses racines, il est presque impossible à éliminer complètement.

La récolte du pissenlit

Lorsqu’on coupe une tige, un liquide blanc s’écoule : le léontopodium, plus communément appelé latex. Au printemps, il abonde dans les feuilles, tandis qu’en été, il se concentre dans la racine. Ses propriétés thérapeutiques sont reconnues dans de nombreuses traditions.

On dit même que se pencher à chaque cueillette de dent-de-lion est déjà bénéfique pour la santé, grâce à l’exercice physique que cela implique !

Les actions thérapeutiques du pissenlit

Réputé pour ses vertus diurétiques, le pissenlit agit également sur le foie et la circulation sanguine. Il compte parmi les rares plantes influençant le pancréas. Dépuratif, il stimule le métabolisme et favorise l’élimination des toxines.

Utilisations thérapeutiques

Aucune de nos propositions ne remplace les conseils d’un professionnel de santé.

On privilégie l’usage de la racine, qui contient le plus de principes actifs. Les meilleures saisons pour la récolter sont le printemps et l’automne. Pour en avoir toujours sous la main, on ramasse les racines, puis on les nettoie minutieusement. Ensuite, je vous recommande de les couper en petits morceaux avant de les placer dans un déshydrateur à 45 °C, ventilé.

Le pissenlit se consomme en tisane. Pour 250 ml d’eau, ajouter 2 à 5 g de racines. Porter à ébullition avec un couvercle, puis laisser frémir 1 minute. Couper le feu et laisser infuser 5 minutes. Filtrer. Consommer en trois prises, après chaque repas.

On recommande une cure de trois jours au printemps, notamment en cas de jambes lourdes, pieds gonflés, allergies printanières, éternuements après les repas, rétention d’eau, constipation avec ballonnements, yeux larmoyants ou nez constamment pris - liste non exhaustive.

Si vous constatez des symptômes inhabituels après consommation de pissenlit, stoppez immédiatement la prise et consultez un médecin.

“Miel” de pissenlit

Surnommé ainsi pour sa texture et sa couleur, il s’agit plutôt d’une gelée. Récoltez les fleurs partiellement ouvertes — symboliquement, on en cueille 365, mais selon la quantité souhaitée, il en faudra bien plus ! Retirez la partie verte de chaque fleur. Placez-les dans une casserole et couvrez d’eau. Pesez l’eau ajoutée. Pour chaque litre d’eau, ajoutez 750 g de sucre (ou 75 % du poids de l’eau, soit le poids en grammes multiplié par 0,75). Coupez un demi-citron en rondelles et faites cuire 45 minutes à frémissement. Laissez reposer 24 heures. Filtrez, puis pressez généreusement les fleurs pour en extraire le maximum de liquide. Faites cuire à nouveau jusqu’à obtenir une texture proche du sirop. Pour vérifier si la gelée prend, disposez quelques gouttes sur une assiette placée au réfrigérateur au préalable. Sinon, continuez la cuisson et/ou ajoutez un trait de jus de citron. Une fois la texture idéale obtenue, transférez la gelée dans des bocaux propres. Dégustez avec amour sur une tartine.

Autres utilisations en cuisine

On peut bien sûr consommer les feuilles de pissenlit tout au long de l’année. Au printemps, elles sont plus tendres et moins amères. Les fleurs peuvent être utilisées en tisane, seules ou mélangées à d’autres plantes. Pour conserver ces petits soleils, il est important de les récolter à peine ouvertes et de les sécher immédiatement au déshydrateur. Sinon, la fleur s’ouvrira complètement et se transformera en graines.

Les boutons floraux peuvent être mis à fermenter dans une saumure ou conservés dans du vinaigre, à la manière des câpres — délicieux sur une salade, une pizza ou votre plat préféré.

La racine peut être cuisinée de plusieurs façons. Si elle est séchée, elle peut servir de substitut au café. Fraîche, elle est préférable récoltée à l’automne, puis cuite à la poêle pendant au moins 20 minutes. Elle est prête lorsqu’elle a perdu son amertume grâce à la cuisson.

Le pissenlit au potager et en agriculture

C’est une plante précieuse, particulièrement utile en cas de météo humide ou de terrain gorgé d’eau. Pour cet usage, récoltez la plante entière — racine, feuilles et fleurs. Si elle n’est pas en fleur, utilisez simplement la racine et les feuilles. Rincez soigneusement. Pour 1 L d’infusion, utilisez 100 g de plante fraîche ou 25 g de plante sèche. Portez à ébullition, puis baissez le feu pour maintenir un léger frémissement. Laissez cuire 15 minutes. Laissez refroidir avec les plantes encore dans l’eau, puis filtrez.

Pour un usage préventif, diluez cette tisane à raison de 0,5 litre pour 10 litres d’eau de pluie ou de source. Pulvérisez sur les plantes non fleuries. Répétez l’opération une fois par semaine pendant trois semaines. Pour tous vos traitements, privilégiez le matin ou la fin de journée.

En cas d’humidité persistante, augmentez la dose à 1 litre de tisane pour 10 litres d’eau. Cela aidera la plante à mieux résister. N’oubliez pas : nourrir le sol, c’est la base pour obtenir de belles plantes !

Je ne recommande pas d’utiliser cette tisane toute l’année, ni de l’employer après le 15 août.

Faites nous savoir comment vous utilisez le pissenlit ! Ecrivez-nous à info@j-d-c.ch

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Ortie : utilisations et usages dans la vie quotidienne

Plante miracle aux nombreuses propriétés, nous vous guidons à travers ses utilisations et ses usages que ce soit en cuisine, pour la santé ou dans le jardin.

Nom latin : urtica dioica

Souvent confondues, on retrouve aussi l'ortie brûlante ou petite ortie nommée urtica urens. Cette dernière mesure 0,5 m contrairement à urtica dioica qui monte jusqu'à 1,5 mètres ! Leur usage est similaire que ce soit en phytothérapie ou en cuisine. On parle d'ortie dioïque - qui signifie "deux maisons" - car certaines plantes sont mâles et d'autres femelles. Ainsi, la fécondation se fait par le vent. Urtica vient de urere qui veut simplement dire : brûler. On l'aura compris dès lors que l'on s'y frotte.

L’ortie se révèle utile dans une multitude de domaines. Tantôt médicament, aliment, textile ou ingrédient alchimique, elle mérite son titre de plante aux mille vertus.

Rencontrer l'ortie

À la fois vénérée et redoutée, l’ortie est une plante médicinale et alimentaire précieuse. Elle appartient à la famille des Urticacées et pousse principalement dans les zones tempérées d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord. Ses feuilles dentelées sont recouvertes de poils urticants contenant de l’acide formique, de l’histamine et de la sérotonine, provoquant une sensation de brûlure au toucher. Ces poils, composés de silice, se brisent au moindre contact, libérant instantanément leurs molécules irritantes, à la manière d’une seringue.

Récolter les feuilles

En saisissant la feuille par le dessus et en la chiffonnant, on détruit ces structures. On peut alors la consommer crue. Le plus sûr est de se protéger en portant des gants épais ou même deux couches de gants tout en se couvrant les parties du corps exposées. On peut couper les tiges lorsqu'elles sont grandes et les séparer ultérieurement. Pour récupérer les racines ils suffit de tirer sur les tiges pour les extraire. On peut ramasser les feuilles toute l'année ; les racines plutôt au printemps ou à l'automne. Pour conserver ces dernières on les lave avant de les couper puis de les faire sécher.

Attention à toujours cueillir avec respect et ne pas tout arracher. Lorsqu'une plante apparaît, c'est pour rééquilibrer le sol.

Bienfaits de l'ortie pour la santé

Propriétés nutritives de l'ortie

On la surnomme aussi la viande du pauvre pour sa concentration élevée en fer. Selon les études et les sources, elle en contiendrait jusqu'à deux fois plus que la viande de bœuf. On retrouve également de la chlorophylle, des vitamines A et C, du magnésium, de la silice, du sodium, du potassium et du calcium. Dépurative, elle aide le corps à éliminer les toxines et l'acide urique. Son taux élevé de fer agit sur l'anémie et favorise la formation de globules rouges. Une véritable alliée pour la santé ! C'est pourquoi on la retrouve comme complément alimentaire dans le commerce.

Usages culinaires de l'ortie

Ses racines, ses tiges, ses feuilles et même ses graines peuvent être utilisées dans vos plats.

Recettes de cuisine avec de l'ortie

On travaille généralement la feuille fraîchement récoltée. Pour cela, munissez vous de gants bien épais afin d'éviter les brûlures. Au printemps, on emploie les pousses d'orties entières. Plus tard dans la saison, on sépare les feuilles des tiges.

Pour une soupe, on compte 150-200 g d'ortie par personne et 150 g de pommes de terre farineuses. Faire cuire les pommes de terre épluchées dans de l'eau salée ou au four vapeur jusqu'à ce qu'elle se délitent. En parallèle, faire bouillir une grande casserole d'eau salée. On dit que l'eau doit avoir le goût de la mer - soit environ 30 g de sel par litre. Blanchir les feuilles pendant 1 minute - c'est à dire les plonger dans l'eau à ébullition. Les égoutter et les refroidir dans de l'eau glacée. Garder un peu d'eau de cuisson. Mixer les feuilles et les pommes de terre avec un peu d'eau de cuisson. Contrôler l'assaisonnement. Ajouter un trait du vinaigre pour un peu d'acidité. Déguster chaud ou froid comme une soupe ou même comme un sauce pour terminer un risotto ou encore avec des légumes grillés.

Pour la découvrir crue, vous pouvez réaliser un pesto au mortier avec des graines de tournesol torréfiées et l'huile de votre choix. En malaxant les feuilles, les poils urticants sont détruits et vous préservez les nutriments qui peuvent être détruits avec la cuisson.

Préparation de tisanes d'ortie

On utilise régulièrement la plante séchée. On fait infuser 5 minutes 4 cuillères à soupe de feuilles sèches par litre d'eau en général. Lorsqu'elle pousse abondamment, je vous recommande de l'utiliser plutôt fraîche. Une belle poignée de feuilles et tiges par litre, infusées également 5 minutes.

Intégration de l'ortie dans les smoothies et les jus

Riche en nutriments et pleine de vertus, vous pouvez employer cette plante magique dans tous vos plats et même dans vos smoothies ou vos jus. Il suffit d'ajouter quelques cuillères de plante séchée dans vos préparations pour profiter des bienfaits. Si vous utilisez un extracteur, on peut ajouter la plante fraîche avec d'autres légumes et fruits pour un cocktails de nutriments.

Remèdes naturels à base d'ortie

Rien ne remplace l'avis d'un professionnel de la santé. Nous vous proposons quelques utilisations traditionnelles de cette plante. Nous vous recommandons de toujours suivre l'avis de votre médecin et de lui demander si vous pouvez utiliser des plantes en complément de votre traitement médical.

En phytothérapie on peut utiliser toutes les parties de la plante : ses racines et ses feuilles. Chacune ayant un tropisme bien distincts. On connaît depuis plusieurs siècles ses propriétés diurétiques et sa capacité à soulager les douleurs articulaires.

Contre les rhumatismes

Traditionnellement on frottait des feuilles fraîches contre l'articulation douloureuse. Comme pour l'utilisation de ventouses, la circulation sanguine est activée et ceci apaise les douleurs.

L'ortie comme diurétique

Consommée en tisane, il est important de boire au moins 2 litres d'eau par jour en parallèle. Quelques tasses entre les repas suffisent. On peut l'utiliser en traitement complémentaire lors de cystites.

Contre-indications, effets indésirables et surdosage

Les personnes souffrant de pathologies cardiaques ou rénales doivent s'abstenir d'utiliser l'ortie comme complément. Peu d'effets indésirable ont été notés lors d'études cliniques. On note parfois des nausées, diarrhées, ballonnements et allergie de la peau. Elle est déconseillée pour les enfants de moins de 12 ans.

Autres utilisations traditionnelles de l'ortie

L'ortie dans le jardinage biologique et en permaculture

En biodynamie, on la surnomme la plante du cœur. On tisse un lien particulier avec cette plante qui semble être parfaite et se suffire à elle même. Rudolf Steiner préconise de l'enterrer un an dans le sol pour pouvoir ensuite l'intégrer dans le composte ou l'utiliser dans les champs. Quelques grammes dilués dans de l'eau dynamisée suffisent à restructurer le sol et permettre aux végétaux de mieux assimiler les nutriments.

On fabrique également un extrait fermenté - ou purin. Réalisé dans les règles de l'art, l'odeur est proche de l'urine de vache. Ses bienfaits pour les plantes et le sol sont innombrables. Mettre 1kg d'orties dans 10L d'eau dans un seau et le fermer. Laisser fermenter environ 2 semaines à températures ambiante - pas en dessous de 16°C. Contrôler la fermentation en remuant de temps en temps - celle-ci est terminée lorsqu'il n'y a plus de mousse qui se forme. Filtrer et dans des bouteilles hermétiques. Stocker à l'abri de la lumière. Utiliser en pulvérisation ou dans l'arrosage dilué à 10%, c'est à dire 1L d'extrait fermenté pour 10L d'eau.

L'ortie pour les fibres textiles

Ses longues tiges étaient tissées autrefois comme pour le lin. Les tissus à base d'ortie servaient dans certaines laiteries.

L'impact environnemental de l'utilisation de l'ortie

Contribution de l'ortie à la biodiversité

Elle sert à d'habitat à divers insectes. Certains papillons y pondent leurs œufs. Lorsqu'elle apparaît, c'est pour venir enrichir un sol et le rééquilibrer. On la retrouve souvent lorsqu'on entasse quelques pierres ou briques dans un coin. Ses propriétés nourrissante et épuratives sont identiques pour notre corps que pour la terre. Elle nourrit et épure. Ainsi, lorsque vous verrez de l'ortie, ne l'arrachez pas ! Coupez-là et utilisez là comme paillage pour vos plantes. Elle nourrira le sol, maintiendra l'humidité et rendra vos plantes encore plus heureuses.

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